Ecrit par Imane Bouhrara |
La présentation cette semaine du rapport sur le nouveau modèle de développement (NDM) a été un événement phare de l’actualité marocaine. Très attendu, il a néanmoins suscité des interrogations et un débat salutaire sur les orientations stratégiques du Royaume pour les 15 prochaines années et mécanismes de leur mise en œuvre.
24h après la présentation ce 25 mai 2021 au Roi Mohammed VI du rapport final des travaux de la Commission spéciale sur le modèle de développement, que son président tenait une conférence de presse pour présenter les principales conclusions et recommandations du Rapport. Qui rappelons-le sont le fruit d’un an de travail de 35 membres de la commission aux profils aussi différents que variés.
Une rencontre qui s’inscrit dans l’effort de communication de la commission depuis sa constitution à ce jour dicté par un objectif de transparence la plus totale et une ouverture sur toutes composantes de la société (auditions, rencontres, points de presse jusqu’à la mise en ligne immédiate du rapport dès sa présentation au Souverain).
Plusieurs pistes évoquées dans le rapport ont été étayées par les médias, mais plusieurs questions reviennent en boucle : quelle différence entre ce nouveau rapport et les pléiades de rapports, stratégies et autres travaux qui ont vu le jour de par le passé ? Quid de l’effectivité de ses recommandations ? Mais surtout, ce modèle marque-t-il une véritable rupture ?
Il faut reconnaître que depuis la mise en place de la CSMD fin décembre 2019, commission consultative par ailleurs, sur orientations royales, son président Chakib Benmoussa a livré des éléments de langage pour comprendre en quoi consiste les travaux de la commission, la force obligatoire de ses recommandations et quelle place pour les autres pouvoirs exécutif et législatif dans ce nouveau référentiel.
D’ailleurs, C. Benmoussa a plus utilisé le terme référentiel que modèle de développement dans ce sens où les travaux de la commission consistent à fixer les nouvelles orientations stratégiques face à l’essoufflement du modèle de développement actuel.
Il avait également précisé que ce référentiel se situe en dessous de la constitution et au-dessus d’un mandat exécutif puisqu’il couvre entre 10 et 15 ans, et qu’il échoit à chaque acteur (pouvoirs exécutif et législatif, secteur privé, société civile, partis politiques, syndicats, régulateurs, citoyens…) de formuler les actions nécessaires pour mettre sur pied ce nouveau contrat social, neutraliser les germes d’échec du modèle actuel et surtout rétablir la confiance avec le citoyen marocain.
Justement pour assurer l’adhésion à ce chantier, la concertation était de mise avec tout le monde que ce soit par les auditions, séances de travail, contributions…
Un an et demi plus tard (la commission a bouclé ses travaux en décembre 2020) comment la méthodologie et la concertation vont-elles évoluer pour la mise en œuvre de ce nouveau référentiel ? Surtout à l’approche des élections qui implique un changement au niveau de l’exécutif pour les cinq prochaines années soit un tiers du délai imparti pour assoir ce nouveau référentiel à horizon 2035.
Quels seront les acteurs d’un changement consensuel ?
Si au lendemain de la mise en place de la CSMD, il n’est pas encore très clair la suite qui sera donnée à ses travaux ni sur les mécanismes de mise en œuvre de ce nouveau « contrat social » pour remettre le pays sur les rails d’un développement plus fort mais plus équitable et durable également, les choses ont bien changé depuis.
Bien évidemment la constante étant le leadership royal et l’engagement fort en faveur du changement, le rapport dévoile deux principaux mécanismes devant donner corps et vie à ce nouveau référentiel, avec un reporting annuel.
Premièrement, un pacte national pour le développement qu’il ne faut pas confondre avec un programme gouvernemental ou une stratégie ou autre initiative nationale puisque le référentiel englobe quasiment tous les aspects de la vie du pays.
Ce pacte basé sur le consensus et l’engagement réunit tous les acteurs du développement (partis politiques, institutions constitutionnelles, secteur privé et partenaires sociaux, territoires et tiers secteur) autour d’une ambition et d’un référentiel partagés par tous.
« Le symbolique s’arrime au stratégique et au fonctionnel dans le même geste et pour le même cap. Un socle commun pour une ambition commune. Le Pacte permettrait également de créer les conditions de lisibilité des grands choix de développement du pays à moyen et long terme. Un reporting annuel par l’ensemble des acteurs permettrait d’informer directement les citoyens de l’avancement du Pacte National », précise le rapport.
Un deuxième mécanisme sera mis sous l’autorité du Roi Mohammed VI, pour assurer le suivi du modèle, l’impulsion des chantiers stratégiques et l’appui à la conduite du changement, conformément à la Constitution. En veillant à la cohérence globale et à l’alignement stratégique, en impulsant et appuyant les réformes transformationnelles, ce mécanisme mettra en responsabilité les acteurs concernés et renforcera l’impact pour les citoyens.
Ce sont là les premiers éléments qui donnent une première lecture de la prochaine étape et d’autres éléments d’information viendront expliciter davantage la méthodologie de travail post rapport et la perception et l’inscription des acteurs du pays dans ce chantier. Puisque la CSMD a invité l’ensemble des acteurs à participer à cette dynamique positive pour tracer collectivement, selon des principes, des rôles et des interactions clairs et explicites, fidèles au cadre constitutionnel la voie à emprunter. Maintenant que la matrice est prête, les choses sérieuses commencent.
Voir également : [Emission Hiwar] Post-Covid-19 : Mohammed Benmoussa s’attarde sur les transformations structurelles à mener par le Maroc
1 comment
Personne ne nous a dit s’il s’agit d’un projet ou de la version définitive du NMD !
Personne ne nous a dit, non plus, s’il sera soumis au vote du parlement actuel avec sa centaine de LEGISLATEURS analphabètes, illettrés et incultes ou s’il sera soumis à l’approbation du futur parlement d’octobre prochain qui, souhaitons-le, sera débarrassé d’une masse de chaire humaine inutile de quelques 8000 kg (en moyenne 80 kg/tête de pipe) qui surcharge les gradins de l’édifice parlementaire.