Même si elles constituent la plus grande part du tissu économique marocain, soit 95%, les PME-TPE sont toujours le maillon faible de notre économie. Dans le dernier discours de la fête du Trône, le Roi a insisté sur la nécessité d’accorder une attention particulière à ce segment dont la contribution au PIB national reste infime. Que lui a réservé le gouvernement ?
Les programmes gouvernementaux et l’effort du secteur financier pour accompagner ces entreprises n’ont malheureusement pas donné les fruits escomptés. Cela se reflète dans leur faible compétitivité, leur faible offre exportable et surtout leur faible capacité à créer de l’emploi.
Preuve en est, le nombre d’entreprises qui mettent la clé sous le paillasson ne cesse d’augmenter avec en moyenne 15% par an. Rien qu’en 2017, plus de 8.000 entreprises ont fait faillite (90% de mises en liquidation et 10% des redressements judiciaires). Rappelons que le rapport annuel de Bank Al Maghrib de l’exercice 2017 a révélé que l’investissement privé reste faible malgré les incitations accordées et l’effort de la dépense publique, censés lui servir de levier.
Le gouvernement a du pain sur la planche et devra faire preuve d’ingéniosité pour trouver la formule à même de donner aux PME-TPE plus de visibilité sur leur avenir.
Dans ce sillage, la Confédération marocaine de TPE-PME est penchée actuellement sur les propositions pour le PLF 2019 qu’elle devra soumettre, dans les jours qui viennent, au Chef du gouvernement ainsi qu’au nouveau ministre des Finances.
Le président de la Confédération, Abdellah El Fergui, nous a confié que leurs doléances s’articulent autour de 5 axes.
« Pour le premier point qui concerne le financement, nous proposons, pour la 2ème année consécutive, la création d’un fonds public pour le financement des TPE. Cela permettrait d’accompagner le financement des TPE et agirait de manière dissuasive contre les entreprises en retard de paiement », a-t-il précisé.
Dans le même ordre d’idées, la Confédération propose l’augmentation du plafond des micro-crédits passant de 50.000 DH à 200.000 DH voire plus. En d’autres termes, il est question de permettre aux associations de microfinance d’octroyer des crédits jusqu’à 200.000 DH pour permettre de financer une tranche importante des TPE. A ce propos, Abdellah El Fergui appelle à diminuer le taux d’intérêts et à augmenter la durée du crédit.
Le deuxième axe est relatif aux délais de paiement, principale cause de faillite des entreprises, soit environ 40% de TPE selon le président de la Confédération.
Pour y remédier, cette dernière propose 3 solutions :
- Permettre aux associations de microfinance et aux organismes publics de racheter les créances commerciales pour financer le fonds de roulement de la TPE.
- Autoriser les associations de microfinance de racheter les factures commerciales à hauteur de 500.000 DH (Avance facture Max 500.000 DH/ facture).
- Pour les créances inférieures à 3 MDH, supprimer l’acceptation du débiteur principal pour la cession (il s’agit d’un frein qui bloque l’accès au financement des TPE).
Troisième revendication, mieux adapter le Code du travail aux spécificités de la PME. Quatrième axe, appliquer les 20% réservés aux PME dans les marchés publics conformément à l’article 8 de l’arrêté ministériel portant application de l’article 156 du décret n°2-12-349 du 20 mars 2013 relatif aux marchés publics.
« Cette loi a aujourd’hui du mal à être appliquée à cause du flou juridique qui l’entoure. Beaucoup ignorent la base de calcul de cette règle (montant total des marchés ou nombre de commande) », se lamente Abdellah El Fergui.
Cinquième et dernière revendication, mettre en place une législation fiscale plus souple spécifique aux TPE afin de leur simplifier les procédures administratives.
A noter que la Confédération Marocaine de TPE-PME, les directeurs de TPE-PME au Maroc, les Services du Chef du Gouvernement représentés par l’unité en charge du suivi-évaluation du programme gouvernemental et la GIZ (Coopération Internationale Allemande) notamment l’équipe en charge du Fonds Flexible de Consultation en Politique Structurelle et Réglementaire (fonds SOF), se sont réunis le 4 septembre. L’objectif de cette rencontre était de permettre à l’équipe en charge du fonds allemand SOF de prendre conscience de l’importance des problématiques rencontrées par les TPE-PME au Maroc et de débattre et proposer des leviers d’action concrets.
La balle est désormais dans le camp de Mohammed Benchaâboun, fraîchement désigné à la tête du ministère des Finances, qui s’apprête à faire ses premières preuves. Va-t-il réussir à relever son premier challenge ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.