L’année 2018 a été marquée par une croissance économique nationale de 3 % après une augmentation de 4,2% une année auparavant. Les effets d’une activité économique ayant été impactée par une lente reprise des activités non agricoles (2,6 % en 2018 contre 2,9% en 2017) et la volatilité des activités agricoles (une croissance de 4% contre 15,2% une année auparavant) se sont d’ailleurs faits sentir. Par conséquent, l’année a été particulièrement mitigée pour les ménages marocains comme en témoigne la décélération de 4,4 % à 791 Mds de DH de la croissance de leur patrimoine financier (contre 6,6% en 2017).
Cette décélération a été bien marquée au niveau des dépôts bancaires des ménages dont la progression s’est limitée à 3,6% en 2018 contre 6,1 % en 2017. Les dépôts auprès des banques qui constituent 83% du patrimoine financier des ménages se sont établis à 657,7 milliards de DH en 2018.
La décélération est plus accentuée au niveau des dépôts des ménages marocains résidents à l’étranger passant de 5,1 % en 2017 à 0,9% en 2019 (183 milliards de DH), impactés par la baisse de 1,8% des transferts des MRE.
Par catégorie, ce sont les dépôts à terme, impactés par la baisse continue des taux d’intérêt les rémunérant, qui ont accusé un repli de 3,4 % pour la troisième année consécutive, alors que les dépôts à vue et les comptes d’épargne ont progressé timidement de 5,3% (8,3 % en 2017) et de 3,6 % (contre 5,6 % une année auparavant) respectivement.
La croissance des placements en valeurs mobilière est restée sur une tendance stable progressant de 9,3% en 2018.
Les placements sous forme d’assurance vie (10%) ont pour leur part maintenu un rythme de progression globalement soutenu, comme le révèle le rapport 2018 sur la stabilité financière, réalisée par le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques.
Si les ménages se sont montrés plus frileux de leur argent, ils se sont bien endettés en 2018 où la dette financière des ménages, majoritairement composée des crédits à l’habitat, a enregistré une augmentation de 6,1% (y compris les financements accordés par les banques participatives), pour s’élever à 342 milliards de dirhams (64 % pour les crédits à l’habitat et 36 % pour les crédits à la consommation qui ont crû de 7% en 2018).
Rapportée au PIB, cette dette s’est établie à 31%, niveau quasi-similaire à celui observé au cours des six dernières années.
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L’analyse des nouveaux crédits à la consommation accordés par des établissements de crédit au cours de l’année 2018 pour un ensemble de particuliers, fait ressortir en moyenne un niveau de dette représentant 30% de leurs revenus.
Et ce sont les ménages résidents au Maroc qui voient leur dette s’accroître de 6,5% en 2018 après 4,9% en 2017, pour totaliser 322 milliards de dirhams. Rapportée au PIB, cette dette s’est établie à 29,1% après 28,5% en 2017. Par contre la dette des ménages marocains résidents à l’étranger a reculé pour la deuxième année consécutive, enregistrant une baisse de 1% après celle de 2% en 2017, pour s’établir à 20 milliards de dirhams, soit 31% du total des transferts des MRE.
Le rapport fait ressortir que ce sont les fonctionnaires et les salariés qui ont le plus accès aux crédits et que les emprunteurs sont majoritairement à revenu supérieur à 6.000 dirhams.
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Cette accélération de la croissance de la dette des ménages, en rupture avec sa tendance baissière observée depuis plusieurs années s’est accompagnée d’une forte augmentation du taux de défaut des ménages qui s’établit à 7,8% contre 7,3% en 2017. Dans le secteur bancaire, ce taux est de 6,4% en 2018 contre 6 % en 2017 pour les prêts à l’habitant et de 10,2 % contre 9,5% pour les prêts à la consommation. La dette en souffrance s’établit à 21,1 milliards de DH en hausse de 14,7 %.
Du côté des sociétés de crédit, le montant des créances en souffrance est de 5,6 milliards de DH en 2018, en progression de 10,2% contre 10,2 une année auparavant.