L’analyse des chiffres montre que la crise sanitaire a impacté les résultats financiers des sociétés de financement au cours du 1er semestre 2020, davantage les sociétés de crédit-bail que les sociétés de crédit à la consommation, avec une nette augmentation du coût du risque.
L’APSF a tenu son Assemblée générale le vendredi 18 décembre 2020, en visioconférence. Cette rencontre en ligne a permis aux membres d’examiner le rapport d’activité de l’APSF qui retrace l’évolution des concours des métiers de financement à l’économie nationale en 2019, l’action professionnelle de l’APSF durant cet exercice ainsi que les chantiers de 2020.
En quelques chiffres, les concours des sociétés de financement à l’économie ressortent, à fin décembre 2019, à 183,3 Mds de DH en progression de 8,5 milliards ou 4,9% par rapport à fin 2018.
Par métier, ces concours se répartissent comme suit :
- Cédit-bail : 49,2 milliards, en progression de 1,9 milliard ou 4,1%
- Crédit à la consommation : 55,3 milliards, en hausse de 3 milliards ou 5,8% ;
- Factoring : 4,5 milliards, en recul de 69 millions ou 1,5% ;
- Financement des besoins de trésorerie à la réalisation des marchés publics : 7,7 milliards, en augmentation de 500 millions ou 8% ;
- Crédit Immobilier : 65,8 milliards, en progression de 3,2 milliards ou 5,0%.
Lors de l’Assemblée, les membres se sont penchés également sur l’impact de la crise sanitaire Covid-19 sur les sociétés de financement. Ils rappellent à ce titre que dès l’apparition des premiers impacts négatifs de la crise sanitaire, des lettres émanant de fédérations et de syndicats ont commencé à être adressées à l’APSF demandant le rééchelonnement des crédits contractés et la suspension du remboursement de 3 à 6 mois. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’activité des sociétés de financement.
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A noter que la suspension de la facturation durant 3 ou 6 mois signifie l’abandon de 50% à 75% du PNB et l’enregistrement des pertes conséquentes. Il ressort selon l’APSF que même en cas de rejet de ces demandes jugées non justifiées, l’augmentation des impayés pendant cette période est très probable avec un impact direct sur le provisionnement net et par conséquent sur le résultat.
BAM à la rescousse
Afin de limiter l’impact du moratoire sur les sociétés de leasing, des requêtes ont été ainsi formulées à l’attention de BAM.
Dans un communiqué daté du 29 mars 2020, BAM annonce, « adopter un ensemble de nouvelles mesures de politique monétaire et prudentielles pour soutenir l’accès au crédit bancaire au profit à la fois des ménages et des entreprises ». Et qu’elle prend également « des mesures d’accompagnement des établissements de crédit au plan prudentiel couvrant les exigences en matière de liquidité, fonds propres et de provisionnement des créances à l’effet de renforcer la capacité de ces établissements à soutenir les ménages et les entreprises dans ces circonstances exceptionnelles. »
Les décisions de BAM semblent avoir apporté un certain « soulagement » aux sociétés de leasing qui ne retiennent des propositions formulées par l’APSF que celle relative au fait que « la suspension des loyers pour 3 à 6 mois se traduira par un report de ces loyers au moment où les actifs financés continueront à s’amortir générant un pnb négatif et, par ricochet, un impact sur la rentabilité et les fonds propres ».
Au vu de l’importance des demandes de report reçues, la Section crédit-bail a décidé d’adresser à BAM une doléance les autorisant à suspendre l’amortissement des biens donnés en crédit-bail ayant fait l’objet du moratoire. Cette proposition a été acceptée. la question s’est posée, pour les sociétés de crédit-bail, de savoir comment traiter comptablement les suspensions des loyers de leasing accordées à leurs clients ? Sachant que la facturation de tels loyers n’a pas de sens, dans la mesure où ils sont systématiquement d’un commun accord avec le client.
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Les résultats financiers fortement affectés à fin septembre
Au plan de l’activité, à fin septembre 2020, comme des résultats financiers à fin juin 2020, les sociétés de financement se sont impactées des effets de la crise de covid-19.
Le marché du crédit-bail a enregistré une nette baisse d’activité durant les neuf premiers mois de l’année 2020, avec un recul de 3,6 Mds de DH ou 32,7% des financements par rapport à la même période de 2019. La production sur les neuf premiers mois de l’année 2020 s’est établie à 11,1 milliards contre 16,7 milliards un an plus tôt
Le marché du crédit à la consommation a enregistré une nette baisse d’activité durant les neuf premiers mois de l’année 2020, avec un recul de 3,4 Mds de DH ou 24,7% des financements par rapport à la même période de 2019. la production de la période s’est établie à 10,3 milliards contre 13,7 milliards un an plus tôt.
Avec une enveloppe des remises de créances de l’exercice de 11,6 milliards, l’activité factoring des trois sociétés membres de l’APSF a reculé de 1,3 milliard de dirhams ou 10,6% par rapport aux neuf premiers mois de l’année 2019.
L’analyse des chiffres montre que la crise sanitaire a impacté les résultats financiers des sociétés de financement au cours du 1er semestre 2020, davantage les sociétés de crédit-bail que les sociétés de crédit à la consommation, avec une nette augmentation du coût du risque (évolutions par rapport au 1er semestre 2019).
En ce qui concerne le leasing, le montant des loyers facturés au cours du 1er semestre 2020, s’élève à 7,3 milliards, en baisse de 771 millions ou 9,5%. Le PNB ressort à 670 millions, en recul de 69 millions ou 9,3%. Le résultat net s’établit à 39 millions au lieu de 208,4 millions
Pour le crédit à la consommation, le chiffre d’affaires du 1er semestre 2020 s’élève à 5,1 milliards, présentant une baisse de 80 millions ou 1,5%. Le pnb ressort à 1,7 milliard, en recul de 80 millions ou 4,5%. Le résultat net s’établit à 2,5 millions au lieu de 517 millions.
Le chiffre d’affaires au cours du 1er semestre 2020 relatif au factoring s’élève à 85 millions, présentant une baisse de 8,5 millions ou 9,2%. Le PNB ressort à 55,5 millions, en recul de 4 millions ou 6,6%. Le résultat net s’établit à 16,6 millions, en recul de 11,2 millions ou 40,2%.
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