Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Depuis le basculement, les ex-ramédistes affluent vers le secteur privé de la santé. Depuis le 1er décembre, le montant alloué à la prise en charge des dossiers au niveau de la CNSS s’élève à 1.361,6 MDH.
Avec le basculement des Ramédistes vers l’AMO, tous les Marocains jouissent désormais des mêmes conditions d’accès aux soins. En effet, depuis le 1er décembre 2022, il n’y a plus de différences entre les assurés AMO et les Ramédistes. Les 9.720.207 assurés Ramédistes et leurs ayants droit sont couverts par l’AMO au même pied d’égalité que les salariés du secteur privé et les fonctionnaires.
Ainsi l’accès aux soins pour cette frange de la population peut se faire aussi bien dans les établissements de soins publics que dans le secteur privé. Rappelons que les cotisations de cette frange sont prises en charge par l’Etat. En effet, ce dernier va payer les cotisations mensuelles de la population qui n’est pas en mesure de contribuer sur la base du Smig et pour un taux de cotisation de 6,37%.
L’Etat s’est engagé à verser à la CNSS entre 8 et 9 Mds de DH relatifs aux personnes dans l’incapacité de s’acquitter de leurs cotisations. Environ 4 mois après le basculement, les chiffres montrent bien un afflux de cette population vers le secteur privé.
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Les chiffres au 24 mars 2023 confirment cette tendance. Ainsi, le nombre des dossiers relatifs aux affections lourdes et couteuses (ALC) a atteint 40.090 dossiers. Quant aux dossiers maladies pris en charge par la CNSS, ils s’élèvent à 45.995 dossiers pour une enveloppe budgétaire allouée de 706,88 MDH.
Le nombre d’attestations de prise en charge des médicaments s’élève à 4.750 dossiers pour une enveloppe de 49,61 MDH. Et enfin, le nombre de dossiers remboursés par la CNSS est de 550.331 dossiers pour un budget de 605,11 MDH.
Au total, et outre les ALC, le montant des dépenses de cette population dans le système AMO durant environ 4 mois est de 1.361,6 MDH.
En parallèle, les services qui ont été facturés au sein des hôpitaux publics s’élèvent à 164.513 dossiers pour un budget de 28,57 MDH soit à peine 2% de ce qui a été déboursé dans le secteur privé.
Cela montre bien que le pôle public de la santé continue de souffrir de plusieurs maux et ne séduit pas. Cela dénote également l’importance du secteur privé de la santé dans le chantier de la généralisation de la couverture sociale. C’est dire l’impératif d’accélérer la mise à niveau du secteur de la santé public pour atteindre les objectifs de ce chantier fondamental.
Car faut-il rappeler l’objectif de la généralisation de la couverture sociale n’est pas uniquement de doter les Marocains d’une couverture sanitaire mais de garantir une offre de soins de qualité et à la hauteur des attentes.
C’est aussi un impératif pour équilibrer la donne et éviter un effondrement de notre système de couverture sociale. En effet, l’un des défis majeurs post généralisation de l’AMO est de garantir la soutenabilité financière du système. Conscient de cet impératif, le ministère de la Santé et de la Protection sociale devrait instaurer des mécanismes de régulation pour maîtriser la dépense et éviter les abus.
Il devrait également mettre en place des garde-fous pour garantir une gestion optimale et efficiente du nouveau système de couverture sanitaire afin d’éviter l’effondrement du système. Nous ignorons où en est le ministère de ce chantier mais ce qui est certain, c’est qu’une bonne gouvernance de l’AMO est vitale pour maintenir les équilibres et pérenniser le système de couverture social.