Dans un contexte de marges réduites, comment concilier la problématique de compétitivité et de croissance économique et justice sociale ? Et comment les Finances publiques peuvent renouer avec leur rôle de garant de justice sociale ?
Pour Michel Bouvier, Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Président de Fondafip et Directeur de la Revue Française de Finances Publiques, il ne faut pas mettre en concurrence la justice sociale et la compétitivité des entreprises. La compétitivité étant un facteur de justice sociale dans la mesure où les entreprises créent de la richesse qui génère des emplois. Ce qui réduit inéluctablement les problèmes sociaux et les inégalités sociales.
Donc la compétitivité des entreprises doit être soutenue et les finances publiques ne doivent pas gêner cette compétitivité. Mais d’un autre côté, cette compétitivité doit s’accorder avec la solidarité dans ce sens où l’Etat via les deniers publics, encourage l’entreprise soit par des dépenses fiscales ou par d’autres mesures. Un effort qui doit impérativement se traduire par une valeur ajoutée pour la société.
Au Maroc, malgré une volonté affirmée, les Lois de Finances de ces dernières années ne peuvent atteindre leurs objectifs sociaux et de renouveau des politiques publiques, exprimé au plus haut sommet de l’Etat. Des politiques publiques qui placent la relance de l’investissement et l’économie comme vecteur de croissance et donc de développement à la fois économique et social. L’idée sous-jacente est que la dynamique économique est à même à créer des emplois et permettre aux personnes exclues de retrouver une certaine dignité.
Cela dit, la justice sociale ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la lutte contre les déficits actuels. Il y a donc un dosage de la gestion de la chose publique grâce à des choix qualitatifs afin que les finances publiques retrouvent la situation dans laquelle elles étaient dans les années soixante à soixante-dix, à savoir un développement économique qui va de pair avec le développement social. Ce sont d’ailleurs les finances publiques qui permattaient cette évolution.