Après la levée du confinement, l’heure est à la relance économique. Sur ce front, l’intervention de l’Etat est très sollicitée. Il lui revient d’agir à travers une politique budgétaire, une politique monétaire ou au moyen de la mise de place de règlementation spécifique. Notre gouvernement a une autre façon de faire.
Au pied levé, et en deux temps trois mouvements, la COVID-19 s’est propagée dans le monde. Les gouvernements font feu de tout bois pour mettre sous cloche la population et sous globe l’économie. Au fil de l’eau, les mesures adoptées s’avèrent un cautère dans une jambe en bois. Notre gouvernement n’a pas gardé les mains dans les poches, mais fauché comme les blés, lance un appel aux âmes charitables pour venir à son secours. Le fond de la COVID-19 créé à cet effet, s’est doté, à croire les derniers chiffres de la TGR, de la bagatelle somme de 33, 7 Mds DH.
En plein confinement, législatif et exécutif sont entrés en hibernation et délégués leurs pouvoirs au Comité de veille économique. Ce dernier, au cours de cette période et nuitamment, émet des décisions traitant essentiellement des modalités de répartition du butin.
A la levée du confinement, le mot d’ordre est la relance économique. Seulement, cette dernière n’existe que sur les colonnes des journaux, les ondes de la radio ou encore sur les plateaux de télévision. Pour s’en apercevoir, il suffit de faire un tour dans les zones industrielles devenues fantomatiques, les cités touristiques dépeuplées ou encore dans les rues commerçantes désertées. Plusieurs entreprises sont mortes ou au mieux sont à l’article de la mort.
Plusieurs opérateurs économiques, n’ayant rien à mettre sous la dent, ont perdu pied et finiront par perdre l’esprit. et pendant ce temps là, notre gouvernement agit à un train du sénateur. L’histoire de la relance économique c’est que du bluff. Les opérateurs économiques ont envie de dire au gouvernement : arrêtes ton char.
La relance économique, empruntée à l’école Keynésienne, consacre l’interventionnisme de l’Etat. La politique de relance économique doit donner un coup de fouet à l’appareil productif pour parer la sous-activité et atténuer l’impact nocif du chômage. Elle doit prendre la forme d’une relance budgétaire, d’une relance monétaire ou d’une relance par la règlementation.
Sur le plan budgétaire, notre gouvernement qui obéit au doigt et à l’œil aux directives des bailleurs de fonds, a réduit drastiquement les dépenses publiques et les a limitées au minimum minimorum. Il a préféré les équilibres macro-économiques à la relance économique. Il ne veut pas se faire chanter Ramona pour creusement du déficit budgétaire ou surcroît de l’endettement. Sous d’autres cieux, les politiciens ont décidé de sauver l’économie quoi qu’il en coûte. Pour le déficit budgétaire et la dette, ils seront traités plus tard.
Sur ce chapitre, l’Etat a voulu réaliser la relance économique hors de son budget. Il a délégué cette mission aux établissements bancaires. Il a limité sa contribution à la signature au profit de ceux-ci d’un chèque de garantie, bien qu’interdit, et on espère qu’in fine qu’il ne soit pas en bois. Dans ce sac de nœuds, le système bancaire reste vigilant et ne mise que sur le cheval gagnant : d’où le volume important des dossiers de crédit repoussés au grand dam de ceux qui croient en les promesses des officiels.
Objectivité oblige, nous devons préciser que la seule contribution matérielle de l’État réside dans le crédit d’impôt octroyé aux donateurs institutionnels du fond de la COVID-19. En effet, en admettant, bien que rétroactivement, la déductibilité fiscale des dons, l’Etat s’associe à l’offrande.
Sur le registre de la politique monétaire, la relance économique peut être stimulée par la révision à la baisse des taux d’intérêt. Une telle mesure aurait permis de doper l’investissement, tonifier l’emploi et amplifier la demande intérieure. Seulement, les taux d’intérêt n’ont pas bougé d’un iota. Pourquoi les banques verront à la baisse les taux d’intérêt pour s’ouvrir à une clientèle présentant un profil risqué alors qu’elles ont un habitué en l’occurrence l’Etat, sans risque, qui siphonne toute la liquidité du marché.
En fin, au niveau de la relance par la réglementation, nous notons notamment la passivité de l’Etat quant à la mise en œuvre de l’augmentation du SMIG à partir de juillet dernier. Sur ce volet, l’Etat a flanché et a laissé au patronat, qu’il n’a pas cessé de patronner, le choix d’adopter ou d’ajourner l’entrée en vigueur pratique d’une telle disposition. Nul ne peut ignorer qu’une pareille mesure donnerait une bouffée d’oxygène au budget des ménages et contribuerait à la dynamisation de la demande intérieure.
Certes, le gouvernement danse sur un volcan. Il veut tous sauver sans rien risquer. Il oublie que ne rien risquer est un risque encore plus grand. Il est temps d’arrêter de berner la population, de prendre le taureau par les cornes et foncer. Vous tenez à faire accroire à la population l’existence d’une relance économique : Eh ben c’est raté.