Ecrit par la Rédaction |
Très attendue, la conférence de présentation des résultats annuels 2022 du Crédit du Maroc (CDM) a été l’occasion de rencontrer le top management du groupe et jauger ses ambitions et perspectives d’avenir. En effet, la conférence tenue ce 9 mars est la première après la finalisation de l’acquisition de la banque par le groupe Holmarcom et la première pour Ali Benkirane en tant que Président du Directoire. Détails.
La présentation des résultats annuels 2022 de Crédit du Maroc a été l’occasion pour le nouveau Président du Directoire, Ali Benkirane, d’évoquer les principaux changements qu’implique l’acquisition de la banque par le Groupe Holmarcom que ce soit en termes d’orientations stratégiques, de réorganisations que d’objectifs de développement et de croissance.
En termes de réorganisation, Ali Benkirane annonce une séparation des périmètres entre la direction des activités Retail et Corporate et la DGA des activités opérationnelles.
La réorganisation touche également la fonction centrale avec de nouveaux objectifs en termes de développement. Ainsi la DGA Corporate devient DGA Corporate et Investment Banking. Le responsable évoque d’ailleurs le développement d’une franchise de banque d’investissement.
Autre changement, la DGA réseau devient DGA Retail Banking avec pour objectif le développement de l’activité Retail.
La banque a également validé la création de la DGA stratégie, marketing et data avec une logique innovante et prospective.
Pour ce qui est du déploiement du réseau au niveau régional, il a été annoncé l’organisation du réseau autour de 5 Directions réseau à savoir la Région Casablanca, Région Nord, Région Sud et Région centre et oriental.
Autre nouveauté, le développement de deux plateformes Retail, l’une dédiée à l’immobilier et l’autre au crédit à la consommation.
La banque vieille de ses 94 ans a connu également un changement d’identité et de signature, en plus de déménager dans les prochaines semaines dans le nouveau siège sis au Bd d’Anfa à Casablanca. Le projet de réorganisation se poursuivra durant les prochains 18 mois pour assurer au final une autonomie totale de gestion par rapport à Crédit Agricole France. De même que la banque avec le Groupe Holmarcom plancheront sur la stratégie pour les années à venir.
Ali Benkirane a tout de même esquisser les priorités futures de la banque, notamment doter toutes les lignes de métiers de l’expertise et des moyens nécessaires. La banque prévoit également le lancement de différentes activités, notamment une DGA services clients pour offrir la meilleure expérience client. La direction risques, la digitalisation, autant dire que les mois à venir promettent d’être studieux pour le management, le tout en faveur d’une croissance et un développement solide.
Les indicateurs au vert
Le contexte économique mondial et national marqué par le ralentissement de la croissance, des pics record de l’inflation et un resserrement des politiques monétaires… n’a pas empêché la banque de bien tirer son épingle du jeu avec des indicateurs solides en 2022, tels que les a présentés Ikram Erryahy, DGA Finances.
En résumé, Crédit du Maroc a réalisé un produit net bancaire consolidé de 2,6 Mds de DH, en progression annuelle de 4,4 % portée par la bonne performance de l’ensemble des lignes métiers. Au niveau des comptes sociaux, le produit net bancaire se situe à 2,4 MDH, en hausse de 3,4 % par rapport à l’année 2021.
Les charges générales d’exploitation consolidées s’élèvent à 1,5 Md de DH à fin décembre 2022, en augmentation annuelle de 12,4 % (COEX de 58,4 %), en variation annuelle de 413 points de base.
Hors éléments non récurrents liés aux coûts de la transition, le COEX se situe à 54,6 % et les charges générales d’exploitation sont en évolution de 5,1 %, tenant compte des investissements.
Au niveau des comptes sociaux, les charges générales d’exploitation enregistrent 1,5 Md de DH, en progression de 16,3 %.
Par ailleurs, les emplois clientèle de Crédit du Maroc progressent de 5,2 % à 48,5 Mds de DH à fin décembre 2022 contre 46,1 Mds de DH à fin 2021. Cette performance est portée par une croissance significative des crédits court-terme (+17 %) et des crédits à l’équipement (+19,9 %).
Lire également : Crédit du Maroc (CDM) : bonne performance en 2022
À fin 2022, les ressources bilan évoluent de 5,1 % à 48,6 Mds de DH, profitant de l’orientation positive des ressources à vue qui sont en hausse de 2,9 % à 34 Mds de DH et des dépôts à terme qui affichent un gain de 70,6 % à 3 Mds de DH.
Le coût du risque consolidé se situe, en 2022, à 309,9 MDH avec un taux de coût du risque qui s’élève à 0,6 %. Par ailleurs, le taux de couverture des créances en souffrance est de 84,9 % à fin 2022, reflétant une politique prudente en matière de provisionnement.
La hausse annuelle du coût du risque de 246,4 MDH émane d’un effet de base lié à la constatation d’une reprise exceptionnelle de 176 MDH au niveau du coût du risque de l’année 2021.
Hors cet élément exceptionnel, le coût du risque ressort en hausse de 29,4 %. Crédit du Maroc enregistre en 2022 une hausse maîtrisée de 1,9 % à 3 874 MDH de ses créances en souffrance, ramenant ainsi le taux des créances douteuses et litigieuses à 8 %.
L’Assemblée Générale Ordinaire des actionnaires sera convoquée le 15 juin 2023, pour soumettre à son approbation les comptes au 31 décembre 2022, et lui proposer la distribution d’un dividende de 27 dirhams par action.
Coût du risque, hausses du taux directeur, BDT… quel impact ?
La séance des questions-réponses à l’issue de la présentation des résultats a été l’occasion d’interpeller le top management de Crédit du Maroc sur les faits marquants de l’exercice à commencer par les deux hausses du taux directeur opérées par Bank Al-Maghrib, en septembre et décembre 2022, et leur impact sur les conditions d’octroi de crédit et sur les taux de crédit.
Dans ce sens, Ali Benkirane a expliqué que le secteur bancaire a suivi de très près la hausse du taux directeur et a été prudent. « Nous avons attendu les effets avant de répercuter de manière partielle cette hausse, de 50 % à 70% selon les produits ».
L’impact de ces deux hausses successives du taux directeur sur les comptes de la banque a été maitrisé grâce à une gestion prudente des risques de taux et de liquidité, ce qui lui a garanti une situation confortable face à ces hausses. La banque est très attentive également à l’optimisation du coût de refinancement mais aborde l’année 2023 avec beaucoup de sérénité.
Le management a également été questionné sur l’épisode du rachat début 2023 des bons du Trésor par la Banque centrale. CDM a ainsi bien anticipé cette opération ce qui lui a permis de préserver sa solvabilité et s’en sort plutôt bien, rassure Ali Benkirane.
Pour ce qui est de la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI, grâce à l’alignement du secteur financier sur les normes internationales de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (LBC/FT), le management de la banque s’en félicite et rappelle le travail rapproché des banques avec la banque centrale. Un travail qui se poursuit de manière étroite notamment face à d’autres défis tels que les cyberattaques ou les crypto actifs. Dans ce sens, Ali Benkirane souligne les échanges permanents entre le GPBM et le régulateur et assure que le secteur bancaire s’en sort bien grâce aux dispositifs en place et aux audits annuels, estimant que la vigilance est de mise face à ces défis.