Selon les premières informations communiquées, le PLF 2024 semble s’inscrire sous le signe de la continuité comme en attestent les quatre priorités fixées par le Gouvernement pour le PLF 2024.
En dépit de la conjoncture internationale toujours tendue, l’économie marocaine continue de faire preuve de résilience. En effet, les données de la note de conjoncture du Haut Commissariat au Plan -HCP- au deuxième trimestre 2023 attestent d’un léger ralentissement de la croissance du PIB à +3,2% (vs. +3,5% au T1 2023) compte tenue de l’amélioration davantage limitée de la valeur ajoutée agricole (+6,3%) et de la progression de +3,0% de celle non agricole.
C’est dans ce contexte que la note de cadrage du PLF 2024, présentée durant le mois d’août, ambitionne de poursuivre la consolidation de l’économie avec une croissance projetée de +3,7% pour 2024 (contre +3,4% en 2023).
Cette dernière s’appuie sur les hypothèses suivantes : (i) une campagne agricole de 75 MQx, (ii) un prix du gaz butane 500 $ /T (vs 800 $ /T pour le PLF 2023), (iii) un taux de change dollar/dirham à 9,8 et (iv) un taux d’inflation à +3,4% en 2024 (vs. +5,6% en 2023).
Plus globalement et selon les premières informations communiquées, ce projet de Loi de Finance semble s’inscrire sous le signe de la continuité comme en atteste les quatre priorités fixées par le Gouvernement pour le PLF 2024, à savoir : x Le renforcement des dispositifs de lutte contre les impacts conjoncturels, notamment l’inflation et le changement climatique ; x La poursuite des efforts de mise en place de l’Etat social ; x La continuation de la mise en œuvre des réformes structurelles ; x Et, la consolidation de la durabilité de la finance publique.
Encore une fois, le leitmotiv de ce projet s’articule autour du maintien du cap tracé par le Gouvernement actuel visant à impulser une dynamique pérenne tout en restituant progressivement les équilibres macro-économiques et en poursuivant l’instauration d’une sorte de welfare state à la marocaine.
L’ambition demeure grandissime tant elle semble difficile à atteindre sans compromettre le fragile équilibre social et économique du pays. Dans ce cas, il est clair que toute prise de risque pourrait être hasardeuse pour le Maroc au regard du contexte actuel comme pourrait le laisser entendre l’absence de toute référence au projet de décompensation, pourtant annoncé et prévu pour 2024.
Partant, la prudence reste de mise pour le Gouvernement en attendant une amélioration de l’environnement international et une meilleure fenêtre de tir sur le plan local.
En effet et même si les données économiques à fin juillet 2023 laissent montrer une décélération de l’inflation avec IPC en hausse de +4,9% à fin juillet en y-o-y contre +5,5% un mois auparavant (suite à la hausse de +11,7% des prix des produits alimentaires, notamment ceux du frais, et de +0,4% de ceux des produits non alimentaires), il n’en reste pas moins que les tensions ne sont pas encore entièrement dissipées avec une reprise de la hausse des prix de pétrole vers fin août.
De son côté, le commerce extérieur nécessite aussi un plus grand suivi. Si, le déficit commercial poursuit son amélioration en affichant, à fin juillet, un allègement de -6,5% à MAD -169,5 Mds de DH comparativement à la même période de l’année précédente pour un taux de couverture se fixant à 59,6% (vs. 57,8% à fin juillet 2022), le repli de -40,2% à 40,9 Mds de DH des ventes des phosphates et dérivés interpelle car la bonne évolution de nos échanges commerciaux est principalement redevable au dynamisme des expéditions de l’industrie automobile (+37% à 82 Mds de DH) et la baisse momentanée des importations énergétiques (-20,9% à 69,4 Mds de DH).
Sur le plan des paiements et en dépit de la détérioration de l’activité économique des principaux partenaires du Royaume, le Maroc semble toujours capitaliser sur le bon comportement des recettes MRE (+10,0% à 65,9 Mds DE DH) et des recettes voyages (+50,9% à 57,2 Mds de DH) qui profitent de l’envolée du secteur touristique.
A contrario, les flux nets d’IDE continuent sur son trend baissier affichant une diminution de -52,3% à 8,6 Mds de DH.
S’agissant des Finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des sept premiers mois de l’année fait état d’un creusement du déficit public de +66,9% à -27,7 Mds de DH (contre -16,6 Mds de DH à fin juillet 2022), suite à la hausse de +5,4% des dépenses ordinaires à 181,1 Mds de DH et ce, en dépit de la baisse de -16,3%.