Interviewé par Imane Bouhrara |
Me Omar Bendjelloun a été choisi par la Fédération de la gauche démocratique (FGD) pour être tête de liste des élections parlementaires. L’occasion de faire le point sur le bilan de la participation de la FGD aux élections 20216 et son ambition des élections 2021.
EcoActu.ma : Avant d’aborder votre candidature, quel bilan faut-il tirer des législatives 2016, les premières auxquelles la FGD a pris part et du mandat dans sa globalité ?
Omar Bendjelloun : La FGD est le continuum de l’AGD qui a participé aux élections de 2007, elle-même le front unissant des expériences de la gauche de principe comme l’OADP ou le PADS venant des années 80 ou du CNI qui se sont réunis pour fonder la FGD.
En 2015/2016, sans opter pour la corruption électorale comme la quasi majorité des partis qui se constituent en courants d’un parti unique, la FGD a réussi un classement honorable sur le territoire national sur des bases de 160.000 voix, qui se sont transformées en seulement 2 sièges à l’assemblée parlementaire pour des raisons de calcul électoral.
Nous devons rappeler que nous avons 4 sièges à la secondes chambre et 453 élus communaux. Nos deux députés, Omar Balafrej et Mustapha Chennaoui, se sont distingués de toute l’assemblée par un discours de vérité, un débat d’influence sur la légifération et un contrôle intelligent de l’action gouvernementale.
En 2016, la FGD a remporté deux sièges. Quels sont les enjeux et ambitions pour ces élections 2021 ?
Notre ambition est de devenir la force de transition de demain. Il s’agit de passer de la contestation à l’opposition institutionnelle, pour pouvoir former un gouvernement libre qui apporte les solutions nécessaires aux marocains, dans 5 à 10 ans.
Le 8 septembre, notre groupe parlementaire sera la force d’opposition constructive qui apportera l’équilibre politique et idéologique nécessaire entre le fondamentalisme et les courants du parti unique représentatifs du business politique.
Au-delà, vu l’actualité du Maroc notamment le déploiement du nouveau modèle de développement ou encore la généralisation de la protection sociale, quels sont les points phares de ce que propose la FDG pour le prochain mandat ?
L’État depuis 20 ans a toujours annoncé des ruptures courageuses, de L’IER au modèle de développement en passant par le rapport du cinquantenaire ou la nouvelle Constitution.
La gauche a toujours participé de manière constructive au débat, en saluant ce qui convergeait avec sa trame idéologique et programmatique, en critiquant de manière scientifique et constructive les champs de divergence.
Notre point fort est notre indépendance intellectuelle, qui nous permet d’être précurseurs d’idées fortes parfois adoptés par l’État, et critiques vis à vis des politiques publiques que nous estimons antinomiques avec notre perception de l’intérêt général. Notre idée générale est composée d’un triptyque limpide : refondation du service public essentiel – souveraineté économique – modernité. C’est l’offre politique pragmatique qui découle de notre histoire : libération – démocratie – socialisme
Dans de telles conditions qu’est ce qui a motivé votre décision de vous présenter aux élections et surtout dans la circonscription de la mort Rabat-Challah ?
Rabat Chellah est composée du quartier historique de la capitale, Hassan/Medina, dans lequel je suis né dans une famille militante a la fin des années 70. J’y ai fait mes études et m’y suis inspiré des valeurs de gauche et vécu de grands moments du combat progressiste dès les années 80.
J’y exerce aujourd’hui la profession d’Avocat. Aussi c’est une circonscription hétérogène qui résume le Maroc à deux vitesse, une circonscription où cohabite le Souissi, le quartier le plus chic du Maroc, et « Bizanta » … ce consortium de Favelas portant le surnom populaire de Byzance dont l’explication est cachée jusqu’à aujourd’hui par la mémoire collective. Cette rupture territoriale cristallise l’urgence de justice sociale.
« La circonscription de la mort » car aussi les barons de la corruption électorale ont longtemps exploité la misère de ces ceintures péri urbaines pour écraser le vote libre et de conscience exprimé à Hassan/Medina, à Youssoufia et au Souissi. J’ai toujours refusé le chemin facile parfois aux dépends de choix personnels, car la politique noble est une voie difficile qui mérite d’être empruntée.
Si le théorème économique stipule que « la mauvaise monnaie chasse la bonne », je relève le défi de renverser la norme, que la bonne monnaie chasse la mauvaise … et que Rabat Chellah devienne alors la circonscription de la vie !
L’un des faits marquant de ces élections est l’adoption du quotient électoral, les députés FDG s’étaient d’ailleurs abstenu de voter. A votre avis ce quotient joue-t-il à la faveur ou à la défaveur d’une meilleure représentativité des partis dans le jeu politique ?
Ce qui exprime la représentation politique sont les électeurs. Il s’agit de vaincre l’abstentionnisme et tracer l’alternative au duopole imposé aux marocains entre le fondamentalisme et ces courants du parti unique qui représentent le conflit d’intérêts entre le business et la politique. La FGD est cette 3ieme voie qui deviendra a moyen terme la première force politique pour opérer les transitions indispensables à notre pays. Nous en sommes convaincus.