Ecrit par I. Bouhrara |
Bientôt un an depuis que le programme de relance a été détaillé et six mois depuis l’entrée en vigueur de la Loi de Finances 2021. A la mi-juin, tout le gotha économique national est à l’expectative des premières opérations du Fonds Mohammed VI au moment où le ministère poursuit le montage de son emprunt national prévu en 2021. L’heure tourne.
L’ouverture ce 18 mai à Paris, du Sommet sur le financement des économies africaines, auquel le ministre des Finances Mohamed Benchaâboun devrait prendre part selon un média de la place, la question de la relance économique en cette année 2021 refait surface.
Bientôt un an depuis que le programme de relance a été détaillé et six mois depuis l’entrée en vigueur de la Loi de Finances 2021. A la mi-juin, tout le monde économique national est à l’expectative des premières opérations du Fonds Mohammed VI au moment où le ministère poursuit le montage de son emprunt national prévu en 2021.
A ce jour, et en attendant les réformes législatives dans le secteur financier pour diversifier les sources de financement de cette relance, nous n’avons pas plus de précisions sur ces deux derniers points.
Il faut rappeler que le programme de relance mis en place tel qu’il a été formulé est structuré essentiellement autour de deux axes : un volet crédits garantis visant à fournir des financements en crédit pour un montant global de 75 Mds de DH et un volet investissement en fonds propres qui sera porté par le Fonds Mohammed VI qui vise à mobiliser 45 Mds DH.
Interpellé, le ministère des Finances nous explique que face à l’urgence de la situation et en vue de permettre le déploiement rapide du programme de relance, l’étape législative de ce programme a été anticipée et achevée en 2020 avec la publication de 2 textes législatifs essentiels.
En ce qui concerne le 1er volet, la Caisse Centrale de Garantie (CCG), qui est l’acteur étatique chargé du système de garantie, a connu, en vertu de la loi 36-20, une refonte institutionnelle d’ampleur consistant en la transformation du statut juridique de la CCG d’établissement public au statut de société anonyme.
Cette transformation a pour objectif de créer un cadre juridique qui permettra l’introduction de bonnes pratiques en matière de transparence, de règles de gouvernance et de responsabilité.
« De plus, cette modernisation du cadre régissant la CCG permettra le renforcement et la pérennisation de la solidité financière du système de garantie. Cette réforme a également porté sur un élargissement de la mission de la CCG et une redéfinition de son objet vers l’accompagnement des orientations et politiques publiques en matière de facilitation d’accès au financement aux entreprises et aux autres populations ciblées par l’Etat», précise le département de Benchaâboun.
Et ce, principalement au moyen des services et instruments financiers et non financiers qu’elle offre.
Pour le second volet, la loi 76-20, portant création du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement a été votée et publiée au bulletin officiel.
Cette loi prévoit la création du Fonds sous forme de société anonyme afin de fournir un formalisme rigoureux à même de rassurer les investisseurs et les parties prenantes ainsi qu’un dispositif de contrôle et de sanction garantissant la transparence et l’intégrité.
« Par ailleurs, la création du Fonds sous la forme de société anonyme constituera un levier pour la mobilisation de moyens de financement additionnels et innovants », précise-t-on.
Justement, Benchaâboun met les bouchées doubles pour grouper ces institutionnels pour réunir les 30 autre Mds de DH du Fonds dans le cadre du partenariat public-privé. Il ne manque par ailleurs aucune occasion pour communiquer sur le Fonds, le cas des RDV de l’Assurance de Casablanca pour inciter les compagnies d’assurance à s’inscrire dans la dynamique de relance.
Bien qu’aucune annonce ne soit faite, les bruits confirmés par ailleurs par des sources proches, font état d’un marathon de réunions au sein du Fonds Mohammed VI pour tenir prochainement la 1ère réunion du conseil d’administration, qui n’a toujours pas eu lieu.
Une réunion qui revêt une importance extrême puisqu’elle devra définir le plan d’action prioritaire, à travers l’identification des premiers grands projets à financer en partenariat avec le secteur privé. A l’ordre du jour également la structuration et l’opérationnalisation des fonds sectoriels et thématiques prioritaires par le choix des sociétés de gestion et la mise en place des partenariats nécessaires. Cette réunion imminente devra parachever les organes de gouvernance et les instruments de gestion (comités, convention de contrôle, règlement des achats…).
Plus que des financements, l’économie nationale en attente de projets structurants
Au-delà des initiatives prises dans l’urgence de la pandémie en faveur de l’entreprise, la relance de l’activité nécessite l’engagement d’un programme d’investissement d’envergure sur le long terme à même d’accélérer la stratégie de transformation structurelle et de modernisation de l’économie, estiment les conjoncturistes.
Pour le CMC, la mise en place du Fonds Mohammed VI d’Investissement qui vise en particulier le soutien au système de production et l’accompagnement des grands projets peut jouer un rôle déterminant dans le cadre de cette stratégie.
Il devrait en premier lieu s’impliquer dans le programme de développement des infrastructures de base engagé par l’Etat depuis plusieurs années. Cette implication a un double objectif, celui de la nécessité de soutenir les structures de production et d’amélioration de leur productivité face à la concurrence tout en répondant à l’impératif de création d’emplois à travers le lancement des grands chantiers structurants, poursuit le CMC.
Outre la poursuite des programmes précédents intéressant notamment l’industrie automobile, l’aéronautique et l’électronique, les projets du Fonds pourraient investir les secteurs d’activité objet de relocalisation ou de la substitution aux importations. S’agissant plus spécifiquement des relocalisations, les changements attendus dans les flux commerciaux à l’échelon international après le choc de la pandémie ouvriront de nouvelles possibilités de production et d’échanges sur les marchés de proximité du Maroc, comme celui de l’Europe.
Le CMC souligne que le Fonds pourrait évidemment s’engager dans des projets d’investissement qui s’inscrivent dans la dynamique de relocalisation en Europe et dans son voisinage. L’autre voie complémentaire est celle de la substitution à l’importation.
Le Fonds pourrait enfin apporter un soutien important à la mise en œuvre des autres stratégies sectorielles, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie, de l’économie numérique et du tourisme. Le succès du Fonds dépendra largement du capital-confiance qu’il pourra inspirer auprès de ses partenaires et de sa capacité à attirer un nombre suffisant d’investisseurs dans les grands projets structurants.
Les projets structurants sont cruciaux pour l’économie nationale en plus des financements, pour juguler le manque de vigueur du processus de relance malgré l’importance des efforts déployés ressort également des autres indicateurs globaux les plus significatifs. Tel est le cas notamment de la demande intérieure aussi bien de consommation que d’investissement.
Un besoin urgent donc du démarrage effectif du Fonds ces prochaines semaines, d’accélérer les réformes du secteur financier pour diversifier les sources de financement et lancer l’emprunt national, puisque la deuxième moitié de 2021 sera sacrément chamboulée par les échéances 2021.