Ecrit par I. Bouhrara I
L’amélioration de la représentativité des femmes au sein des organes de gouvernance des sociétés faisant appel public à l’épargne est l’une des priorités de la loi 19.20. Aujourd’hui, quel est le profil d’une administratrice ? Le nombre de mandats détenus ? la proportion de femmes au sein des organes de gouvernance, les leviers pour promouvoir cette avancée pour combler le gap entre l’existant et les exigences réglementaires ? Les détails avec Ofinance.
Alors que les mandats des femmes administratrices représentait en 2023 22% du nombre total des mandats des administrateurs siégeant dans les conseils d’administration ou de surveillance des émetteurs, l’année 2024 marque un tournant après trois années de l’entrée en vigueur 19.20. Cette proportion devra passer au minimum à 30% comme la loi le prévoit à partir de 2024 et atteindre 40% à partir de janvier 2027.
Aussi, la composition des Comités constitués au sein du conseil d’administration, notamment ceux prévus par la loi (Comité d’audit, Comité des investissements, Comité des traitements et rémunérations…) devra comporter, dès janvier 2024, au moins un représentant de chaque sexe.
Lorsque le conseil d’administration ou de surveillance est composé de moins de huit (8) membres, l’écart entre le nombre des membres de chaque sexe ne peut être supérieur à deux (2). Par ailleurs, pour les sociétés cotées, le nombre d’administrateurs au sein d’un conseil ne peut dépasser le seuil de quinze (15) membres.
Ce rappel fait, il faut souligner que tout manquement aux dispositions réglementaires précitées, aucun versement à titre de jetons de présence pour les membres du conseil n’est possible si ce dernier n’est pas composé conformément aux seuils fixés par la loi 17-95 sur les sociétés anonymes. Cela provoque également la nullité de toute nomination n’ayant pas pour objectif de régulariser la composition du conseil.
Aujourd’hui, quel est le profil d’une administratrice ? Le nombre de mandats détenus ? la proportion de femmes au sein des organes de gouvernance, les leviers pour améliorer de manière graduelle la représentativité féminine pour au moins être en conformité avec la loi ?
Ofinance vient de publier un deuxième focus sur la représentativité des femmes au sein des organes de gouvernance des sociétés faisant appel public à l’épargne. Ce focus thématique a été élaboré à partir d’une base de données de 91 émetteurs faisant appel public à l’épargne, hors les établissements publics soumis à une réglementation spécifique. La data de ce focus est basée sur les différentes publications financières et gouvernance des émetteurs à fin février 2024.
Des chiffres en amélioration, mais quid des seuils réglementaire ?
28% des membres des comités d’audit est représentée par des femmes. 18% des membres des comités nominations et rémunérations est représentée par des femmes.
25% des membres des comités stratégiques sont des femmes.
Le nombre de mandats de femmes administratrices a atteint 178 en 2023, en détails 84% des administratrices détiennent un seul mandat, 13% administratrices détiennent entre 2 et 4 mandats et 3% administratrices détiennent entre 4 et 6 mandats.
L’analyse de la composition des conseils d’administration des émetteurs du panel montre que le total des mandats des administrateurs indépendants est de 135 mandats représentant un taux 20%. Avec 50 mandats, les femmes représentent 36% du total des mandats indépendants.
On compte également 7 femmes présidentes de conseil soit 8% des sièges de présidence sur l’ensemble des 91 conseils objets du Focus 2 d’Ofinance.
Selon le benchmark du Focus, la représentation des femmes au sein des conseils d’administration des sociétés composant l’indice MSI 20 de la Bourse de Casablanca ne dépasse pas un ratio de 22% en dessous des moyennes européennes
La France reste championne dans cette catégorie grâce aux réformes entamées depuis 2011 avec la loi dite « Copé-Zimmermann » qui prévoyait un seuil de 20% au bout de 3 ans et de 40% au bout de 6 ans.
Etaient concernées, les sociétés cotées et les sociétés employant au moins 250 salariés permanents et présentant un chiffre d’affaires ou un total de bilan d’au moins 50 millions d’euros.
Quel profil de l’administratrice ?
Les femmes administrateurs disposent d’une formation académique d’excellence au sein d’écoles d’ingénieurs ou de commerce de renommée et d’un parcours professionnel solide et riche d’expériences managériales.
Ainsi, 56,9% sont issues des écoles de commerce, 24,4% des écoles d’ingénieurs, 11,4% d’une formation d’expertise comptable, et 7,3% d’autres parcours académiques.
De ce fait, une grande majorité d’entre elles sont dirigeantes de société, ou experts-comptables et dans de moindres proportions conseillères d’entreprise, générant de fonds ou issue de la banque d’affaire.
Selon le Focus d’Ofinance, les femmes doivent être aussi accompagnées pour la recherche de mandats et l’entrée en relation avec les émetteurs. Le CFA (Club des Femmes Administratrices) est sans doute un levier intéressant pour booster une carrière d’administratrice.
Les sociétés doivent aussi encourager la promotion de la présence féminine au sein de leur équipe dirigeante. Le taux de présence des femmes au sein du Top management des émetteurs APE au Maroc demeure faible à 23% !
N’est-il pas temps pour les grandes et moyennes entreprises, cotées ou non, de donner l’exemple en intégrant plus de femmes dans les organes de direction et casser définitivement ce plafond de verre en assurant une équité sur un plan de rémunérations et avantages ?, s’interroge Ofinance.