Ecrit par Soubha Es-Siari I
C’est le pouvoir d’achat qui permet au citoyen Lambda de jauger si l’inflation a baissé ou pas. C’est quand ce même citoyen commence à jouer aux équilibristes pour arrondir les fins de mois et que ses comportements habituels basculent du jour au lendemain qu’il réalise que les propos avancés ici et là ne reflètent aucunement la réalité et que la brume est loin de se dissiper.
Depuis plus d’un an, nous scrutons tous l’indice des prix à la consommation publié mensuellement par le Haut Commissariat au Plan pour voir si la brume inflationniste va enfin se dissiper. Si dans les premiers temps, Banque Centrale et Exécutif rassurent que cette inflation est éphémère, ils se sont rendus par la suite à l’évidence que l’inflation est partie pour durer. Importée au début pour des raisons connues de tous, l’inflation s’est vite propagée aux ressorts internes de l’économie pour peser lourdement aussi bien sur les ménages que sur les entreprises, notamment les TPME qui peinent à profiter convenablement des économies d’échelle.
Le HCP via ses statistiques mensuelles révèle que l’Indice des prix à la Consommation a enfin emprunté un trend baissier, le Wali de BAM rassure à son tour que l’inflation décélère et l’Exécutif ne cache pas son optimisme dans le Projet de Loi de Finances 2024 quant à une éventuelle baisse. Des propos reluisants, maquillés mais demeurent peu convaincants pour une populace qui chaque jour voit son pouvoir d’achat s’effriter. Parce que in fine, c’est ce pouvoir d’achat qui permet au citoyen Lambda de jauger si l’inflation a baissé ou pas. C’est lorsque ce même citoyen commence à jouer aux équilibristes pour arrondir les fins de mois et que ses comportements habituels basculent du jour au lendemain qu’il réalise que les propos avancés ici et là ne reflètent aucunement la réalité et que la brume est loin de se dissiper.
La baisse de l’indice des prix à la consommation ou encore du taux de l’inflation cache des réalités qui ne sont que la persistance à la hausse des prix des produits alimentaires qui continue à grever le pouvoir d’achat. Le calcul est pourtant simple : face à des charges fixes que sont l’habitation, la scolarité des enfants, la seule variable sur laquelle peut jouer le consommateur est l’alimentaire. Le poisson, la viande et les légumes et fruits sont devenus un luxe qu’un ménage moyen, ceteris paribus, ne pourrait plus s’offrir dans les jours qui courent.
Les autres charges telles que la santé et le loisir sont reléguées aux derniers rangs en attendant des jours meilleurs (sic).
Des jours meilleurs sont devenus utopiques eu égard à la succession des crises qui font et refont l’ordre économique mondial à telle enseigne qu’il est devenu inextricable de faire des prévisions ou du moins qu’elles oscillent à peu près des réalisations. La cacophonie des chiffres, les révisions périodiques, l’incertitude… sont devenus monnaie courante chez pratiquement toutes les institutions. S’il y a quelques années, l’écart entre les mêmes indicateurs est insignifiant, il est important aujourd’hui et chacun y va de sa propre lecture face au chevauchement des évènements.
Face à cette conjoncture chère, l’Exécutif a instauré le mécanisme d’aide directe pour subvenir aux besoins élémentaires de la classe pauvre ou vulnérable mais il omet au passage que la classe considérée il y a quelques temps comme moyenne s’appauvrit.
Autrement dit si des mesures pérennes et durables (élargissement de l’assiette fiscale, création des richesses…) ne sont pas mises en place, l’équipe au pouvoir aura demain sur le dos cette nouvelle classe englobant des millions de citoyens à laquelle il faut absolument fournir l’aide nécessaire. Une équation complexe à multiples variables qu’il faut impérativement résoudre au risque de passer, comme ont pris cette mauvaise habitude de le faire, la patate chaude à l’équipe qui suit.
Voir également : [Emission Hiwar] Déficit hydrique, mesures exceptionnelles, inflation, décompensation gaz…, les révélations de Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture