Ecrit par Soubha Es-Siari |
Les réformes qui sont au cœur des politiques économiques de l’État en matière de développement de création de richesses et de promotion de l’investissement ne doivent occulter que des réformes parallèles sont à engager en matière d’accès au financement, de renforcement de la compétitivité du secteur de la logistique, de recours aux énergies renouvelables, d’accès au foncier… Sinon c’est l’effet d’un coup d’épée dans l’eau qui se produit.
Les signes légèrement améliorés sur le plan international de l’exercice 2023 qui donnaient espoir que les indicateurs macroéconomiques notamment la croissance et l’inflation allaient se redresser se sont vite estompés face à un entêtement de l’inflation et une croissance évoluant à un rythme assez modéré.
Si l’on se réfère aux prévisions du FMI, la croissance mondiale touchera à son niveau le plus bas à 2,8% cette année avant de se redresser légèrement à 3% en 2024. L’inflation va diminuer mais lentement qu’attendu initialement passant de 8,7% en 2022 à 7% cette année puis à 4,9% en 2024.
Bref les perspectives s’avèrent difficiles et il est de moins en moins plausible que l’économie mondiale se remette à croître au même rythme qu’avant la succession des deux crises qui ont mis à rude épreuve même les économies les plus fortes.
Dans ce contexte en ébullition, le Maroc met les bouchées doubles pour éviter les dérives. De nombreuses mesures ont été prises pour atténuer l’impact de la hausse généralisée des prix aussi bien sur les ménages que sur les opérateurs. Les plus importantes sont l’octroi de subventions générales sur les prix de matière de première nécessité et le maintien des prix réglementés préexistants.
Cette approche a nécessité la mobilisation de dépenses publiques supplémentaires évaluées à quelque 2% du PIB.
Aussi, dans le projet de Loi de Finances 2024, le Maroc s’inscrit-il dans la même tendance d’un Etat social et ce malgré les turbulences. Comme il est écrit noir sur blanc dans la lettre de cadre, le PLF2024 devrait s’inscrire sous le signe de la continuité comme en attestent les quatre priorités fixées par le Gouvernement pour le PLF 2024, à savoir : le renforcement des dispositifs de lutte contre les impacts conjoncturels, notamment l’inflation et le changement climatique ; la poursuite des efforts de mise en place de l’Etat social ; la continuation de la mise en œuvre des réformes structurelles ; Et, la consolidation de la durabilité de la finance publique.
Au gré des aléas structurels et conjoncturels, le Maroc mise le tout pour le tout afin de rebondir et assurer une croissance durable conformément à son nouveau modèle de développement. La reprise rapide après la pandémie de la Covid-19 est un parfait exemple illustrant sa détermination.
Néanmoins quel que soient les efforts fournis pour consolider les tendances en cours, quelques pans de l’économie restent indéniablement caractérisés par une fragilité et par une variabilité parfois démesurée. A quelque chose malheur est bon. Les crises sont porteuses d’innovation pour les décideurs qu’ils soient publics ou privés.
La conjoncture actuelle impose des transformations structurelles de l’économie pour la création de plus de richesses. Elle impose le parachèvement des réformes en cours.
La mise en œuvre de la charte de l’investissement en souffrance depuis plusieurs années est à saluer. Aussi, l’entrée en vigueur du nouveau décret des marchés publics, l’opérationnalisation du Fonds M6 pour l’investissement …
En définitive, si ces réformes sont au cœur de la politique de l’État en matière de développement de création de richesses et de promotion de l’investissement, il n’en demeure pas moins que des réformes parallèles doivent être poursuivies ou engagées en matière d’accès au financement, de renforcement de la compétitivité du secteur de la logistique, de recours aux énergies renouvelables, d’accès au foncier et de facilitation de l’acte d’investir. Idem, le retard des textes d’application réduit souvent à néant l’enjeu principal des réformes.
La mise en œuvre de ces réformes parallèles contribuera, sans nul doute, à renforcer l’attractivité du Royaume à accroître la part de l’investissement privé, national et international… et surtout à intégrer le cercle des pays émergents. Pourvu que nos politiques soient armés de la bonne volonté et de la persévérance.