Le Takaful constitue un volet très important de la finance islamique. Toutefois, son développement semble se heurter à différents obstacles dont une offre de produits non diversifiée et un écosystème participatif incomplet notamment en termes de marché de capitaux (Bourse, Sukuk et fonds d’investissement).
Après plusieurs années d’attente en lien avec la préparation du cadre réglementaire régissant l’écosystème de l’assurance Takaful, son démarrage officiel a eu lieu en 2022 suite à la publication au Bulletin Officiel des agréments pour 4 opérateurs et un réassureur exclusif (fenêtre re-Takaful). Cette activité représente une alternative aux produits d’assurance conventionnelle, dont la caractéristique principale est sa conformité aux exigences de la Charia. Dans une récente analyse, BKGR dresse un premier bilan de l’activité Takaful et fait focus sur les écueils qui se dressent.
Un volume global majoritairement drainé par le Takaful Famille
En 2022, le paysage de l’assurance au Maroc a vu l’émergence d’une nouvelle spécialité avec l’entrée en vigueur de l’assurance Takaful suite à la publication au Bulletin Officiel, en date du 27 janvier 2022, des décisions donnant légalement naissance aux 3 premières compagnies Takaful : WAFA TAKAFUL, TAKAFULIA ASSURANCES et TAAWOUNYIATE TAAMINE TAKAFULI, filiales respectives de WAFA ASSURANCE, de HOLMARCOM INSURANCE ACTIVITIES (HIA) et MCMA / BCP.
Au cours de la même année, deux autres compagnies d’assurance ont également obtenu le feu vert de l’ACAPS. Il s’agit d’AL MAGHRIBIA TAKAFUL (publication au BO le 02 mai 2022), filiale de LA MAROCAINE VIE et RETAKAFUL, fenêtre re-Takaful de la SCR (publication au BO le 11 avril 2022). Le nombre d’acteurs de cette industrie est ainsi porté à 4 opérateurs Takaful et une fenêtre re-Takaful. Dans ce sillage, 5 fonds ont été constitués par ces opérateurs, à savoir WAFA TAKAFUL, TAKAFULIA, TAAMINE TAKAFULI TAAOUNI, AL MAGHRIBIA TAKAFUL et SCRETAKAFUL.
Pour sa première année de démarrage, l’activité a généré des primes émises de 11,8 MDH. Au terme du S1 2023, elle draine un volume global de 29 MDH. Dans le détail, la catégorie Takaful Famille, composée de l’assurance décès, de l’investissement Takaful et des contrats à capital variable, concentre près de 90% de l’aliment. S’agissant de l’assurance incendie et de la couverture contre les conséquences d’événements catastrophiques, elles ne pèsent que 9,6% et 0,8% respectivement.
En termes de sinistralité, les prestations et frais nets s’élèvent à 5,2 MDH. Pour leur part, les charges techniques d’exploitation s’établissent à 13,7 MDH. Au volet rentabilité, le résultat technique (comptes Famille et autres comptes) des fonds Takaful ressort positif au terme du S1 2023 à K MAD 375, porté notamment par AL MAGHRIBIA TAKAFUL (K MAD 250) et TAAMINE TAKAFULI TAAOUNI (K MAD 125) pour un résultat net déficitaire global de K MAD -0,2.
Opérateurs gestionnaires Takaful :
Concernant les entreprises d’assurance, leur activité de gestion des Fonds Takaful a généré des revenus qui s’élèvent à 8,6 MDH (représentant 30% des primes encaissées par les fonds), dont 90% proviennent spécifiquement de la gestion des opérations d’assurances Takaful Famille.
Au volet rentabilité, les opérateurs ont enregistré un résultat technique déficitaire de -3,5 MDH ( -1,4 MDH pour WAFA TAKAFUL, -2,6 MDH pour AL MAGHRIBIA TAKAFUL et 0,6 MDH pour TAKAFULIA ASSURANCES). Pour sa part, le résultat non technique s’établit, quant à lui, à 1,2 MDH , atténuant ainsi le déficit du résultat net à -2,3 MDH ( -0,7MDH pour WAFA TAKAFUL, -2,2 MDH pour AL MAGHRIBIA TAKAFUL et 0?6 mdr pour TAKAFULIA TAAMINE).
Un business rentable pour les assureurs marocains ?…
Le Takaful constitue un volet très important de la finance islamique. Toutefois, son développement semble se heurter à différents obstacles dont une offre de produits non diversifiée et un écosystème participatif incomplet notamment en termes de marché de capitaux (Bourse, Sukuk et fonds d’investissement).
« De plus, les gains financiers relatifs à ce segment semblent très limités, pour le moment, comparativement aux investissements engagés (un capital social minimum de 50 MDH). Cette situation laisse ainsi planer des doutes sur la pertinence d’un positionnement sur cette activité, notamment en termes de rentabilité », annoncent les analystes de BKGR.
Voir également : [Podcast] Taoufik Lachker : « Le cadre réglementaire est complet mais l’idéal est d’avoir un marché de sukuk plus développé »